Lorsque nous cherchons à écouter, comme le fait un animal aux aguets, nous commençons intuitivement par nous immobiliser, et rester silencieux.
Vides, tendus vers l’extérieur.

Je m’installe dans la montagne pendant quelques heures. Son mouvement apparaît. Les brumes remontent les pentes ; la pluie devient plus fine ; le vent se lève ; la nuit s’approche. J’entends quelques éboulements épars.

Il ne me suffit pas de rester fixe : je dois aussi faire taire en moi quelqu’un qui parle constamment. Il nomme les choses, dresse devant elles un écran, y reproduit le monde en trompe-l’oeil, en schémas, et vit en vase clos dans ce décor savant — aveugle aux choses mêmes. Je peins pour me taire, et lui rendre la vue.

Déchirer silencieusement l’écran des mots, voir le monde en amont.