Eliane BEYTRISON appartient à ces peintres-voyageurs,
pour qui la géographie des lieux est une source essentielle
de l’apprentissage du regard. De Florence à Palerme,
de Bagdad à Gaza, ses carnets de ville traquent l’étrange
et le familier, le passé et le présent d’une
humanité apparente.
Dans un étonnement presque muet, elle rassemble comme
une esquisse ce qui dans ces espaces urbains se présente
de plus élémentaire : une ligne, un volume,
un détail identifié comme une maison, une tour,
un mur, un réservoir d’eau, un lampadaire…
Un trait, puis plusieurs traits, dépouillés
ou déliés, les lignes se touchent, les formes
se dessinent, les monuments s’enchevêtrent…
Ils se dégagent de la réalité et se délivrent
du souci de mimésis.
Son trait s’appuie sur une parfaite maîtrise
technique. En utilisant le crayon, l’encre, le café,
le sable et d'autres matières organiques, l’œuvre
est dynamisée par un geste incisif. L’espace
ainsi révélé, la réalité
de l’image rejoint la réalité du temps.
De l’ombre à la pénombre, du crépuscule
à l’effacement presque total par la lumière,
ces paysages urbains dérivent doucement vers un continent
intérieur et ne correspondent plus à aucune
géographie. L’image toute entière se résorbe
dans la vibration à peine perceptible du souvenir.
Alors, l’artiste convie l’image et la mémoire,
le signe et la représentation.
ŒUVRES
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