François AUBRUN

OEUVRES

BIOGRAPHIE

François Aubrun

© Magali Koenig
www.francois-aubrun.com

Son travail

François Aubrun (1934-2009) est un immense peintre, encore trop peu connu. En 1958, il installe son atelier face à la Sainte-Victoire, non pour y défier la mémoire de Cézanne, mais plutôt pour y puiser force et encouragement : il s’est fixé pour tâche d’attraper le ciel ! A l’âge de 10 ans, lors d’un séjour de santé où l’immobilité lui est imposée, il cite : « Je passais mes journées à regarder les nuages manger le ciel et le ciel se venger sur les nuages. Je voyais comment les choses se passaient, ce qui résistait, ce qui envahissait. Et c’est à ce moment-là que j’ai décidé de faire de la peinture ». Ainsi, dans la solitude de son atelier, face au ciel que transperce la Sainte-Victoire, durant soixante années, François Aubrun a traqué cette lumière qui a ébloui sa vie. Chaque jour, il regardait et attendait le moment où la brume rejoignait le ciel, puis avec l’avancée du jour et l’arrivée de la chaleur, il commençait à peindre les vibrations de l’air. Il s’abandonne à cette nature enveloppante et fascinante. Il peint l’espace de l’impalpable Rien. Les aquarelles, présentées dans cette exposition, montrent cette inlassable quête, où le geste entre dans le silence de l’effleurement. L’intensité de la lumière, sa fluidité, ses métamorphoses, ses vibrations, ses fulgurances et ses replis ont occupé l’oeuvre de sa vie.

François AUBRUN, L’effacement par Nicolas RABOUD in Le Cahier dessiné n°4, Éditions Buchet/Chastel, Paris, 2004

Rien que l’espace François Aubrun est peintre, et il n’est que cela. Il n’est ici que propos de peintre. Regarder le ciel et la lumière, la transparence de l’air, la beauté du monde. Cela François Aubrun le fait tous les matins dans son atelier. Il connait la difficulté de l’effacement de soi, l’extrême retenue de l’ensemble de sons corps à l’écoute de ce qui parle à peine, l’attente et la concentration, pour ne dire rien, pour ne dire en somme que cette vibration. Est-ce parce que l’atelier se situe tout en haut d’une ancienne église que ses toiles ne sont pleines que d’espace et d’esprit ? Laisser parler ce qui semble se taire, regarder à s’en éblouir le vide et l’absence et les donner à voir qui saura entendre. L’effacement est dans tous les tableaux, l’effacement et la plénitude. Une absence qui se fait peinture, un effacement qui remplit l’espace, la nature même, tout autour, qui vibre dans cet instant, dans cet irrémédiable. Il y a quelque chose de manifestement serein dans ces images-là, d’apaisé, d’ouvert à la mystique du monde. Un monde déserté aussi, un monde absent où l’infinie beauté de cet air qui ne cesse de vibre, cet espace infini, ce tout et son double, garde encore en soi le doute et l’effroi. Cela vibre, cela est très beau, très plein, très intense.

Une vie à Saint Joseph

François Aubrun est né à Boulogne -Billancourt en 1934. Il suit des cours de peinture à l’école nationale des beaux-arts de Paris de 1954 à 1961. En 1958, il s’installe dans la propriété de Saint-Joseph au Tholonet près d’Aix en Provence. Son atelier, à l’étage d’une ancienne église, fait face à la montagne Sainte-Victoire. Passé le porche, le chemin traverse un champ d’oliviers, il entre dans les pins, dans le paysage, comme le regard entre dans un tableau, il tourne, il longe quelques vieux murs, du bois et des pierres, et voilà la maison, immense et austère, l’esplanade vide est grande ouverte sur la houle des arbres. Tout cela est si beau et un peu seul aussi. Le chemin continue jusqu’à l’ancienne église, l’escalier, la porte de l’atelier, la lumière occupe toute la pièce, elle est jaune et blanche, et le ciel par les fenêtres, au-dessus de la cime des pins, illumine déjà les toiles qui attendent. Il suffit de regarder, tout est là, tout ce qui peut se voir est là. François Aubrun y vient chaque jour. Il attend, il cherche, il capte, il renvoie, il retourne, il rend, il donne, il peint. Il est directeur de l’école des beaux-arts de Toulon de 1974 à 1980, puis enseignant à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris. Il a exposé régulièrement en France et à l’étranger.