Terre en colère

Mouna IKHLASSY, appartient à cette génération d’artistes contemporains qui s’emparent de la cartographie comme mode de représentation mémorielle. En 2017, elle présente à la Galerie LIGNE treize « Chroniques d’Alep », une série d’estampes, inspirées des plans de sa ville natale, broyée par la guerre. Le trait est une calligraphie, le marquage des rues et le contours des quartiers sont à la fois des fragments de poèmes arabes et le nom des disparus. En 2020, elle pointe désormais les camps de réfugiés, devenus « Villes temporaires » au quadrillage de masses, aux alignements obsédants dévoilant une réalité vertigineuse.

Pour cette nouvelle exposition, Terre en colère, elle arpente les territoires fantômes de son pays natal, au moyen de vues aériennes, qu’elle scrute à distance. Ces lieux, nous sont inconnus ou impossible à décrypter. Ils sont des fragments du désert, des habitats détruits par la guerre ou le tremblement de terre ou tout simplement des vestiges archéologiques. Ils sont des traces, des espaces à franchir devant lesquelles on rêve peut-être d’une vie nouvelle. Aussi, Mouna IKHLASSY, avec sa plume de roseaux ou ses brindilles sèches du jardin, investit sa feuille de dessin. Elle marque, tisse des strates, scande des signes à l’encre de Chine comme une écriture. Ces images, lieux du présent comme du passé, se métamorphosent en une constellation de trajectoires et d’existences.